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Bénéficier des normes numériques

« Open Logistics Foundation »: DACHSER s'est associé à d'autres entreprises pour mettre en place l'initiative, qui vise à accroître la numérisation et la normalisation dans le secteur de la logistique. Photo : Traitov/iStock/Getty Images Plus

En octobre 2021, DACHSER s'est associé à d'autres entreprises du secteur de la logistique pour créer l'Open Logistics Foundation à but non lucratif. Dans cette interview, le PDG de DACHSER Burkhard Eling et le CDO Stefan Hohm évoquent le contexte et l'objectif de cette initiative, qui vise à accroître la numérisation et la standardisation, ainsi que ses limites.

Monsieur Eling, Monsieur Hohm, vous avez participé à la création d’une fondation à but non lucratif pour développer une communauté Open Source européenne. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Burkhard Eling : Tous les acteurs de la chaîne logistique travaillent d’arrache-pied à la digitalisation de leurs processus. Une entreprise logistique ne peut agir en autarcie dans ce contexte. De par notre activité, nous collaborons tout au long de la chaîne logistique avec de nombreux acteurs tels que les clients ou les prestataires de services. Et cela fonctionne d’autant mieux que l’on dispose de normes communes et de modules prêts à l’emploi. C’est tous ensemble, avec les membres fondateurs de l’Open Logistics Foundation que nous avons initié ce mouvement. Désormais, il s’agit de convaincre les autres acteurs du marché de la pertinence de la standardisation. Car plus d’entreprises suivront l’exemple, adhèreront à l’initiative et s’engageront, plus nous aurons de chances d’instaurer des normes acceptées par l’ensemble de notre secteur.

Stefan Hohm : Chez Dachser, l’engagement en faveur de standards est bien ancré et s’est toujours avéré payant sur le long terme, pour nous et pour tous les acteurs de la chaîne logistique. Prenez par exemple le code-barres EAN-128, autrement dit le numéro d’unité d’expédition ou SSCC. Nous avons très tôt décidé de l’utiliser et, en tant que membre du GS1 (CCG à l’époque), nous nous sommes fortement engagés en faveur de règles d’utilisation, qui ont permis son introduction dans tous les secteurs. L’engagement dans le cadre de l’Open Logistics Foundation s’inscrit dans la même logique que notre collaboration au sein du GS1, qui se mobilise pour sa part aussi en faveur de l’association Open Logistics e.V. Comme le GS1, l’Open Logistics Foundation permet de créer des standards à partir de certains composants matériels et logiciels. Par ailleurs, l’association publie des recommandations à destination des utilisateurs, et fournit également les instructions rédigées sur la base d’éléments Open Source.

Qu’entend-on par-là ?

S. Hohm : L’Open Source désigne des logiciels, dont le code source est librement accessible et modifiable par tout utilisateur. Les navigateurs Web tels que Firefox, Chrome ou Linux, systèmes d’exploitation les plus utilisés au monde, fonctionnent sur ce principe. Chez Dachser, nous misons également sur des matériels et logiciels Open Source depuis plus de 15 ans, pour plus de 70 programmes et applications. La communauté Open Source se nourrit de l’intelligence d’un grand nombre de membres, dans quelques cas de motivations altruistes et très souvent d’un objectif commun de simplification des processus, de partage des coûts de développement et de conquête de parts de marché.

Comment fonctionne cette approche particulière dans le cadre de l’Open Logistics Foundation ?

S. Hohm : Le référentiel logistique Open Logistics Repository est une plateforme technique sur laquelle les composants logiciels et matériels et les interfaces de référence sont accessibles en code open source grâce à une licence gratuite. L’ensemble des membres (dont Dachser) peuvent accéder gratuitement à la plateforme, consulter les différents codes des programmes des applications standards pour étendre leurs propres applications ou mettre en place plus rapidement de nouveaux produits et de nouveaux modèles économiques. Nous pouvons décider tout à fait librement des lignes de code, des concepts et des projets que nous intégrons. Naturellement, nous ne partagerons pas ce qui peut nous permettre d'engranger un avantage concurrentiel.

B. Eling : Ce qui compte le plus pour nous, c’est le principe de la normalisation. Pour les « applications courantes », elle réduit le surcroît de travail pour nous et pour l’ensemble du secteur. Les solutions isolées autonomes non compatibles empêchent aujourd’hui souvent la mise en réseau très utile des partenaires et des clients. Par ailleurs, écrire nous-mêmes chacune des lignes de code d’une application standard reviendrait à gaspiller de précieuses ressources de développement. Nous préférons nous appuyer sur une norme commune et en tirer, avec nos propres données et nos propres logiques, un argument de vente propre à Dachser. Nous pouvons ainsi créer une véritable valeur ajoutée pour nos clients.

S. Hohm : Une logistique intelligente s’appuie sur des systèmes informatiques performants. C’est un principe qui prévaut chez Dachser depuis de nombreuses décennies. Nous sommes connus pour l’excellence de notre développement informatique, et cela se poursuivra. Nous continuerons nous-mêmes d’organiser l’architecture de nos systèmes centraux et naturellement de programmer des applications, et d’intégrer dans notre portefeuille les solutions disponibles sur le marché. Un autre aspect est tout aussi important pour moi : en utilisant l’Open Source, nous ne sommes plus tributaires des fournisseurs commerciaux, qui peuvent disparaître et modifier leurs codes.

Interview with: Burkhard Eling et Stefan Hohm

Burkhard Eling est directeur général (PDG) de DACHSER. Stefan Hohm est directeur du développement (CDO) de DACHSER.

M. Eling, existe-t-il déjà des exemples d’applications standards à l’échelle du secteur s’inscrivant dans le cadre de l’Open Logistics Foundation ?

B. Eling : Oui, il existe une application que l’Open Logistics Foundation contribue concrètement à faire progresser et pour laquelle des premières lignes de code ont été publiées : c’est le cas de la lettre de voiture électronique, e-CMR, le document légal utilisé pour le transport routier international de marchandises. Nous avons par ailleurs fait des propositions destinées à des applications standards, notamment une application pour les conducteurs. Quasiment chaque prestataire logistique utilise sa propre solution isolée pour des fonctions plus ou moins équivalentes : données de commande, planification de l’itinéraire, gestion des temps de pause. Avec des applications standards comme celles évoquées précédemment, aucune entreprise du secteur ne peut créer un avantage concurrentiel fort. Mais une norme Open Source réduit le surcroît de travail pour Dachser et tous les autres acteurs ; elle favorise la collaboration et libère ainsi des ressources de développement dont on a un besoin urgent.

Cette communauté Open Source ne comporte-t-elle pas un certain risque ? Après tout, la concurrence est elle aussi de la partie.

B. Eling : Je ne vois pas les choses sous cet angle. Le droit sur les ententes soutient expressément le développement de programmes Open Source servant l’intérêt général. Et pour rappel : nous ne partageons aucune information, processus, programme ni application constituant pour Dachser un avantage concurrentiel. Nous ne divulguons pas non plus de prix ni d’autres données sensibles concernant les clients. Nous avons par ailleurs mis en place des processus de conformité qui permettent aux entreprises de collaborer entre elles et de prévenir les abus.

S. Hohm : Nous continuons de développer des logiciels durables et des processus intelligents auxquels nous sommes les seuls à avoir accès avec nos clients. Toutefois, à l’avenir, nous partagerons les applications et les programmes de base, pour à long terme bénéficier des normes sectorielles qui s’établissent chez les clients et la concurrence. La transparence, l’accessibilité et la conformité restent chaque jour une priorité absolue.

Quelle est l’importance de l’approche Open Source ainsi décrite pour l’avenir du secteur logistique ? Et qu’est-ce que cela signifi e pour Dachser ?

S. Hohm : L’Open Source facilite l’accès à la digitalisation et constitue de ce fait un important facteur de succès pour le secteur logistique tout entier. La digitalisation implique une mise en réseau, et cela ne peut se faire qu’ensemble. Que faut-il pour que l’Open Source soit un succès en logistique ? Une approche créative, une transparence complète, des applications communes, une forte convivialité et la réponse à la question de savoir comment rallier toutes les entreprises et définir ainsi un modèle phare.

B. Eling : La digitalisation nous donne l’opportunité de repenser complètement la manière dont nous pilotons nos processus, dont nous façonnons notre environnement de travail et dont nous collaborons avec nos clients et partenaires tout au long de la chaîne logistique. Si nous parvenons à promouvoir le numérique dans tout ce que nous faisons et pensons, nous ferons un grand pas dans l’accomplissement de notre mission, à savoir faire de Dachser le prestataire logistique le plus intégré au monde. L’Open Source et notre engagement dans l’Open Logistics Foundation constituent une étape importante sur cette voie. Nous pourrons en effet exploiter nos précieuses ressources de développement de logiciel en générant encore plus de valeur. Nous revalorisons ainsi ce travail et garantissons en même temps notre réussite économique. Ce sont de très bonnes raisons de soutenir l’idée de l’Open Logistics Foundation et de s’investir pour la création de normes à l’échelle du secteur tout entier.

Merci à vous deux pour cette conversation intéressante.

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